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RÉDAC
Histoires d'avocats
le seul terrain parlementaire, refusant systématiquement la lutte armée.
Dans cette logique, il tente de dissuader la Duchesse de Berry de soulever la Vendée en 1832. Au parlement, Berryer n9hésite pas à faire lutte
collective avec les députés de la gauche dynastique. Avant toute chose et
appartenance, il est le défenseur des libertés publiques : à la barre ou à
la tribune, il défend la liberté d9association, ce «)droit sacré, ce droit générateur dans l9ordre social [16])» et la liberté de correspondance. Élu
Bâtonnier du barreau de Paris en 1852, il entre à l9Académie Française en
1854, après avoir été en commerce avec les esprits les plus distingués de
l9époque à la Société des Bonnes-Lettres fondée par Chateaubriand.
Sous le Second Empire, il ne se représente pas aux
élections. Le Corps Législatif est une assemblée muette
d9où, «)la vie politique est entièrement retirée, et où je
ne trouverai ni l9action publique, ni l9indépendance que
les révolutions de 1830 et de 1848 ne nous avaient pas
ravies [17])». Berryer se consacre dès lors à de nombreux procès civils et criminels. Il intervient également dans les procès politiques. Alors que, sous le
règne de Louis Philippe, il a assuré la défense de Louis Napoléon Bonaparte,
il défend la Maison d9Orléans et les descendants de Louis-Philippe obligés
par le décret du 27 janvier 1852, à vendre la moitié de leurs biens et voir
confisquer l9autre moitié : «)cette attitude de Berryer est d9autant plus méritoire que les Orléans et la plupart des prévenus qu9il défend maintenant
comptent parmi ceux qui, sous la Monarchie de Juillet, se sont montrés les
plus hostiles à sa politique [18])».
Il plaide bénévolement lors de grands
procès ouvriers.
En 1863, Berryer se résigne à présenter de nouveau sa candidature. Il reconquiert son siège marseillais qu9il occupera jusqu9à sa mort. «)Réclamer
en toute occasion le développement des libertés politiques, surveiller avec
un soin scrupuleux les dépenses du gouvernement, signaler les dangers
de la politique impériale à l9étranger, au Mexique, en Italie, en Allemagne,
défendre le souverain pontife, défendre la paix telle fut l9Suvre de Berryer
au Corps législatif (&) Il contribue à faire rendre aux chambres le droit
d9interpellation [19])».
Né dans les classes moyennes, bien qu9appréciant le luxe et les arts, fils
du travail de son père et de son propre travail, Berryer aime profondément le peuple. Il plaide bénévolement lors de grands procès ouvriers.
Les questions sociales le préoccupent. La loi Chapelier de 1791 ayant
aboli toute association, les anciennes corporations régissant les métiers
sont dissoutes. Une association d9ouvriers est alors constitutive du délit
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